La misère est-elle moins triste au soleil ?

Publié le par chocoladdict

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Profitant de mes derniers jours de congé pour aller dans les salles obscures avec mon homme (oui en parents indignes nous avons laissé le chérubin à la crèche alors que nous ne bossions pas), j'ai vu deux films très différents mais qui ont en commum une critique du monde libéral du travail aujourd'hui et un portrait d'hommes et de femmes qui suent pour boucler les fins de mois. Ken Loach dans It's free world en a fait le thème de son nouveau film alors que la critique se lit en pointillé dans le film La graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche  . 

Toujours est-il que ceux qui croiraient encore que l'on vit au pays des bisounours, prendront le film de Ken Loach comme un seau d'eau glacé en plein visage. Nous vivons dans un monde libre....libre de payer les gens des clopinettes pour des boulots merdiques, libre d'exploiter de la main d'oeuvre étrangère qui rêve d'un eldorado et se retrouve à vivre dans un pays riche comme des chiens et dans la peur de se faire arrêter. A travers le personnage d'Angie dont on attend en vain la rédemption, Ken Loach nous dit le chacun pour soi, la morale basée sur l'argent, l'individualisme. Le père d'Angie qui essaie de lui inculquer un minimum de conscience politique est une bien faible lumière (la voix du réalisateur très marqué à gauche?) dans cette histoire dont on ressort déprimé devant la noirceur humaine et révolté par ce un monde sans pitié.

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La graine et le mulet, même s'il prend comme point de départ la mise au chômage d'un homme qui a trimé pendant 35 ans sur les chantiers navals et qui est viré car il n'est plus assez rentable en vieillissant, est un film plus léger. Dans la famille de ce père de famille, la solidarité existe, l'entraide et l'amour aussi et Slimane ne peut que compter sur sa tribu, famille et amis, pour ouvrir un restaurant et se reconvertir à 60 ans passés. Dans ce film, il y a des couscous dominicaux, il y a un mélange d'identités, il y a des mariages mixtes et une bouffée d'air frais amené par la surprenante et prometteuse jeune fille Hafsia Herzi. 
Tout n'est pas pourtant pas bien qui finit bien, même si l'intrigue se passe à Sète, au soleil, et tous les barrages s'érigent pour mettre un terme à l'espoir que nourrit encore un Slimane fatigué par des années de travail éreintant. 
A voir même si la durée du film (plus de 2h30) vous rebute !

Publié dans Ecran noir

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